Mirdita Shqiperia! (Bonjour l'Albanie)
Sabina Bergami, Jul 22, 2014
L'aventure continue en Albanie!!!
Nous voilà à Durrës, ville portuaire, première halte après l'Italie. C'était deux semaines de marche intensive à tel point que je ne me suis pas rendu compte qu'une ampoule qui s'était nichée entre mes orteils était en train de s'infecter. J'avais mal, mais je croyais que c'était tout simplement l'orteil à côté qui n'était pas bien. Avec notre chance inouïe, j'ai pu m'arrêter dans ma famille près d'Ancône.
Osimo, jolie ville de 36000 habitants, avec un beau centre historique et des gens accueillants nous a permis de nous reposer après ces 250 km de marche sous le soleil écrasant et sur les routes nationales. La première leçon d'un bon marcheur: prendre soin de ses pieds et prendre le temps de se reposer.
Ce qui est intéressant dans un voyage comme celui-ci c'est qu'on ne peut rien prévoir à l'avance. On peut imaginer une journée, mais cette journée ne sera pas du tout celle que nous l'avons pensée. La marche et les rencontres permettent une ouverture incroyable, mais cette liberté inattendue peut faire peur au début. En revanche, on s'y habitue petit à petit et cela devient le quotidien. Faire confiance et croire que les choses s'arrangent c'est la clé pour finir une journée en beauté. Y croire! Croire à l'aventure! Celle qui continue, celle qui nous amène loin, celle qui nous donne aussi la force de continuer de marcher. Car croyez-moi, il en faut de la force et de la volonté pour marcher sous 37° presque tous les jours ou sinon sous des trombes d'eau qui vous anéantissent. Une question: "mais pourquoi faisons-nous tout ça, qu'est-ce qui nous pousse? Pourquoi nous mettons-nous dans une telle galère _sans rames ;)?" La réponse est loin d'être facile à trouver: et ceux qui triment pour escalader une montagne, ceux qui font des marathons, ceux qui pédalent des kilomètres, ceux qui se donnent pour une cause au point de s'oublier eux-mêmes et tant d'autres, pourquoi le font-ils? La réponse est dans le sens de La Terre en Marche qui, jour après jour, s'élargit et avance vers son but.
Son but est la frontière chinoise au désert du Taklamakan. Passer 60 jours en Chine pour faire 3000 km et arriver au bout de la Route de la Soie n'est pas possible, d'où la frontière symboliquement. Tout est symbolique dans la Terre en Marche : nous sommes en train de faire ce chemin à pied « insensé » car nous trouvons un sens à la rencontre de l'autre, à l'échange et au partage de nos idées. Aller à l'encontre d'autres cultures n'est jamais chose aisée. Et arriver avec des idéaux c'est beau, mais il faut comprendre la réalité du pays pour pouvoir les transmettre. Venir d'un pays où l'on peut encore se poser des questions, réfléchir au sens de la vie et de l'humanité est aujourd'hui une chance. Au fur et à mesure de la route, on comprend que pour la plupart des êtres que nous rencontrons ce qui compte c'est le repas du lendemain. Mais il y a aussi de l'espoir : il arrive que des gens réagissent bien et comprennent notre volonté malgré la vie matérielle difficile. Ils voudraient s'unir alors à nous pour partager la terre, trouver la paix, marcher pour leur santé. A bon entendeur, salut !