Les Molosses
Jérôme Bergami, 02 août, 2014
Grèce à colosses. Terre à molosses.
« Vous devez faire attention, il y des chiens dans tous les villages », nous avertit une jeune femme. Pas la peine, on avait remarque. Ils sont partout, nos amis les chiens, dans les villages, le long des routes, dans les jardins, les cours des fermes, ils gardent, les troupeaux du berger comme les propriétés et les belles voitures de sports. Beaucoup errent de par la campagne.A Korissos, l'un d'eux a hurlé a la mort toute la nuit ou presque, poste a quelques mètres de notre frêle habitation.
« Peut-on planter notre tente dans votre jardin pour la nuit? » demande-t-on en grec. « Ze ne sais pas, ze ne sais pas... », bredouille en français la vieille dame apeurée derrière les grilles acérées de son portail. Une autre femme, en réponse à notre demande, nous mime coups de griffes et morsures de bêtes sauvages — « Moi pas jardin, mais vous pas restez dehors. »
Pour ce que nous en avons vu jusqu'à présent, le Grec a du mal a ouvrir sa porte aux pèlerins. L'hébergement manque de spontanéité. A Klissoura — oh, Klissoura ! franchi le col, beau vieux village planant au-dessus de la plaine — l'opération se répète: Où peut-on planter notre tente... « mais pas dehors, il y a les chiens... » Nous posons la question à cette femme qui tient une épicerie sur la place du village. Aspasia est aroumaine, une communauté roumanophone implantée dans plusieurs pays des Balkans. Sabina communique en roumain avec elle, non sans quelques difficultés — « C'est un peu comme si tu parlais avec un Québécois, les Aroumains utilisent des mots et des expressions qui sont très vieillis ou qui ont disparu du langage courant roumain. »
Aspasia appelle sa copine Cristina, qui elle est Roumaine — « Et pour la tente ?... - Vous pouvez près des balançoires, je pense qu'il n'y a pas de problème. » Mais pas de porte ouverte comme en Albanie. Aspasia se montre d'une très grande affabilité, nous offrant à boire et à manger, lançant une machine a laver pour nos vêtements. Avant de quitter son épicerie, Aspasia nous a fait cadeau d'une glitsa, bâton de berger traditionnel de la région (et menace efficace face aux terribles chiens). Nous avancerons désormais en véritables pâtres.
Mic-mac en village grec. On y cause de ces langues! En cinq minutes autour de la table, le grec croise l'albanais, l'albanais le roumain, le roumain l'aroumain, l'aroumain l'allemand, l'allemand le français.A propos des Allemands : ils sont nombreux les villages de Macédoine à avoir été brulés par les soldats allemands; ils sont nombreux, les Grecs, à être partis travailler en Allemagne après la guerre; elles sont nombreuses, les maisons de la région à avoir été construites avec l'argent gagné en Allemagne; ils sont nombreux les bergers allemands à protéger les biens du propriétaire grec.
Elle est parfois bien curieuse a saisir, l'histoire des hommes.