Tout de suite
Jérôme Bergami, 17 Mar, 2015
C'est tout de suite.
Tout de suite, sans précipitation, mais fermement. Mais avec volonté. Avec la volonté agissante, afin de ne pas se laisser déborder ni par le temps ni par l'espace. Ni infiltrer par le désabusement du serpent sournois - désabusement, désoeuvrement, abandon, lassitude, abattement, il a tout les noms, le reptile. Ä°l voudrait vous grignoter le coeur. Ne le sentais-je pas déjà respirer à sa place?... Sournois, oh je te connais, et que trop. Une vieille connaissance en somme. Nous nous croisons regulierement dans les soupentes de mon esprit.C'est pourquoi je dis : tout de suite. Tout de suite redresser la plume, saisir : les sentiments à la gorge, les idées aux collet, les mots par le fond du pantalon. Sans violence mais d'autorité. Faire couler l'encre, avidemment ; avidemment que se répande la lave de l'envie dans tous les pores du carnet et dans toutes les fibres du corps. Vivre et raconter, grand dieu! Vivaconter, en un seul, d'un trait, en un même mouvement. La trêve hivernale n'a que trop duré, qui émousse, amollit. Jambes et Verbe ont piaffé d'impatience. Ceux-là aiment le combat, ils ont le goût de la joute. Ce sont de grands cavaliers qui ne vivent que pour l'assaut des steppes.
L'homme chevauchant sa vie : les steppes.
L'homme brandissant dans la nuit la torche de l'aventure terrestre : les steppes.
L'homme qui se ramasse, puis se relève, et qui vacille mais qui ne ploie : les steppes.
L'homme immense et immensement petit : les steppes.
Nous repartons au noble combat. Terre en avant! Nous réaffirmons la souveraineté de la Mère et notre impérieux besoin du dire. Ä°l y a de la Geste dans notre mouvement et dans notre voix.
L'histoire reprend là ou elle s'etait laissée suspendre...