Bonjour à vous tous!
Nous voici à Meshgin Shahr, en Iran depuis dix jours, à 200 km de la frontière arménienne. Le relief s'est adouci ces derniers jours, fort heureusement car la montagne ne faisait pas de cadeau, et nous avons crapahuté sérieusement hier et avant-hier, nous voulions arriver en ville. Le long d'un itinéraire superbe de reliefs ocres, mais aride, et parfois quasi-désertique, nous sommes allés d'oasis en oasis, qui apparaissaient en contrebas, après chaque col franchi.
Nous avons planté notre tente en différents endroits dans la montagne, prenant la précaution de nous munir de suffisamment d'eau. Un soir, c'est un imamzadet qui nous a accueillis (un lieu saint proposant de modestes chambres pour les voyageurs). Hier soir, nous nous sommes arrêtés fourbus près d'un joli ruisseau, dans un défilé - oh délasser nos membres dans l'eau fraîche, quel pur plaisir.
Nous nous trouvons dans la région de l'Azerbaïdjan oriental, donc parmi une population apparentée aux Turcs et nous passons par la langue turque pour nous faire comprendre, ce qui remplit les gens de bonheur quand ils nous entendent nous exprimer dans leur langue maternelle. Ils revendiquent fièrement leurs origines. D'après les dire de certains, les azéris représenteraient près de 40% de la population totale de l'Iran, et, paradoxe, les perses y serait minoritaires. Quoiqu'il en soit le contact avec les gens est facile, agréable, mais il faut savoir s'isoler de temps en temps pour reprendre son souffle face à l'afflux des conversations.
Les chaleurs sont vraiment dures l'après-midi, elles dépassent les quarante degrés, aussi nous levons-nous vers cinq heure du matin pour nous mettre en route vers 6h-6h30. Il fait encore nuit au moment du lever et la voûte étoilée est superbe. C'est un grand plaisir que de faire chauffer son café sous les étoiles. Nous avons passé la barre des 4000 km il y a quelques jours. Hardi, moussaillons! Nous avons encore à ramer ferme sur l'asphalte!
Après avoir un temps tâter le terrain, humer l'atmosphère générale, nous commencons à parler plus ouvertement de notre action. Les controles policiers ne sont pas trop contraignants, on nous cite de temps en temps Laurent Fabius qui était en visite dans le pays voici deux semaines. Annoncer que l'on est francais est bien apprecié, on observe de larges sourires à l'évocation de la France.
Nous avons par ailleurs découvert la présence de centres medicaux le long de la route tous les 20-25 km, et nous avons été reçus dans l'un d'eux pour y passer la nuit. De l'eau, des toilettes, un couchage, de quoi manger, et des infirmiers aux petits soins. Que demander de plus?
La mer!La mer! nous espérons y parvenir dans huit ou neuf jours. Nous avons parcouru un peu plus de la moitié des 400 km qui nous séparent des doux rivages de la Caspienne, mais j'ai vu sur la carte qu'une chaîne de montagne (encore une!) nous en séparait. Préparation psychologique des cuisses et des mollets.Il nous faut aussi penser à trouver une école ou une université pour y rencontrer des étudiants et organiser une cérémonie de partage de la Terre. Cela se réalisera peut-être dans la grande ville de Rasht, non loin de Téhéran, en septembre, lorsque les établissements scolaires auront réouvert leurs portes.
Nous vous souhaitons une bonne fin de mois d'août et vous apporterons d'autres nouvelles régulièrement. A bientôt, chers amis, la Terre en Marche poursuit sa route!
Jérôme et Sabina